Biographie de Jean DALLAIRE

Jean Dallaire par P.V. Beaulieu en 1941

 

BIOGRAPHIE

Quittant Montréal pour s’établir à Vence en 1958, Dallaire s’y éteint en 1965. Au contact de la lumière du sud, sa peinture va changer. Elle s’épure. La physionomie de la ville et la géographie de cette région imprègnent les sujets. Féeriques, parfois étranges ou empreintes de vertige, de nouvelles figures y flottent quelque part entre le rêve gracieux et le cauchemar sournois.

Retournant en France, Dallaire réalise enfin le rêve de sa vie. Mais ce rêve qui date de loin a comme prix l’éloignement d’avec sa famille. Choisissant de finir ses jours à Vence, Dallaire tente ainsi de surmonter et d’oublier son internement au stalag de Saint-Denis près de Paris où il a été détenu durant la guerre tandis que l’occupation allemande empêche ce « boursier d’Europe », venu une première fois à Paris en 1938, de parfaire sa formation et de faire carrière comme il le souhaitait en France. Mais le Paris de 1958 n’a plus grand chose à voir avec la ville qu’il a connue dans sa jeunesse. Dallaire atterrit à Vence un peu par hasard.

À Vence, Dallaire rencontre Alphonse Chaves directeur de la galerie Les Mages qui a exposé Dubuffet, accueilli Prévert et tant d’autres. Antre des surréalistes, ce foyer vivant s’ouvre à Dallaire pour une exposition solo en 1960 et quelques expositions de groupe.

Dans sa peinture qui éclate de joie et d’exubérance, Dallaire manifeste une nouvelle vitalité malgré sa santé chancelante. En 1960, il participe également chez Alphonse Chaves à une exposition intitulée Un petit Bal de tête aux côtés de Dubuffet, de César, de Pevsner, de Giacometti, d’Henri Laurens et d’Asgner Jorn. Le thème de l’exposition s’inspire alors des artisans carnavaliers de Nice qui se produisent lors du célèbre défilé du Mardi-Gras. Il n’est pas si éloigné de l’art brut prôné par Dubuffet. Le côté ludique de Dallaire se développe. Plus que jamais il est proche de la fête, du cirque, de tout ce qui joue, jongle et bouge. Plus que jamais aussi à Vence ses œuvres rejoignent l’univers de l’enfance et de la spontanéité. La peinture de Dallaire y devient une sorte de passage au rêve.

 

SUJETS / THÈMES

Bien qu’il continue de s’adonner, surtout au début de son séjour et en petit format, à ses études de paysages ou de bouquets, de même qu’à ses natures mortes plus figuratives et proches de l’esprit hédoniste de la peinture française des années 30 qui l’a frappé, ses peintures manifestent alors un état d’innocence poignante. Et comme l’observent les critiques montréalais de l’époque, lors d’une explosion remarquée à la galerie Dresdenere en 1962, leur traitement pictural est somptueux. Ses funambules, écrit-on, voltigent dans des atmosphères subtilement colorées. Les sujets évoluent sur des fonds de même valeur que les personnages. Les tons chatoyants prennent des reliefs de pastels. Bleu, mauve apparence de vert, de vert rosé, les nuancées sont changeantes, les rythmes frémissants.

Petit à petit toutefois ses toiles arrivent de moins en moins à dissimuler, sur un mode gracieux, le trouble qui les transporte. L’onirisme va y côtoyer l’hallucination. Parfois un monde sous-marin se fait le théâtre de fantasmes inquiétants. Occupant le tableau, des animaux décharnés y errent. À l’enchantement s’opposent des visions intérieures tourmentées, l’hybride, le monstrueux. En un lent retour de carnaval, ses images vont à partir de 1962 se simplifier. Son œuvre se dépouille. Elle se cerne. 1964. Sa peinture s’enferme autour de ses inquiétudes. Il est de plus en plus malade. Anges, oiseaux et créatures aériennes, chiens errants, bestiaire en tout genre traversent alors ses toiles. À l’occasion, Dallaire se caricature lui-même avec un humour grinçant. La boucle est bouclée. Le passé se colle au présent. Les toutes dernières peintures peuvent être interprétées comme une méditation sur la fugacité et la fragilité. Pont, charrette, faucheuse agraire…des thèmes se font prémonitoires.

 

EXPOSITION

“Jean Dallaire. Exposition rétrospective” du 18 octobre au 8 novembre 2008, Galerie Valentin

 

D’après le texte de René Viau pour la Galerie Valentin




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