
Fritz Brandtner, autoportrait, 1942
Biographie
Né à Dantzig en 1898, - la ville est alors allemande – Brandtner immigre au Canada à la fin des années 20. À Winnipeg où il s’installe tout d’abord, il apporte dans ses bagages quelques unes de ses œuvres, si résolument modernes, et aussi plusieurs ouvrages sur l’art contemporain européen. « Lorsque je suis arrivé d’Europe, écrit Brandtner en 1963, J’avais déjà une très bonne idée de tout ce que l’art peut accomplir. Je connaissais toutes les plus récentes œuvres de Kandinsky, Mondrian, Chagall, Grosz, Klee, Marc, Kokoschka, (…), Beckmann, Pechstein, Feininger, Nolde, (…), Gris, Chirico, Bauer, Picasso, Léger, Matisse… etc. Personnellement avant de venir au Canada, j’avais été extrêmement intéressé par le cubisme et ses possibilités, par sa texture, sa transparence et ses relations spatiales ainsi que par son rapport possible avec des expériences constructivistes ». Dans cette même lettre (…), Brandtner mentionne ensuite la découverte que furent pour lui en Europe les idées de Gropius, Bayer, Kandinsky ou Albers. Il dit admirer le Bauhaus bien qu’il n’ait pas eu la chance de s’y inscrire. Ces influences que transporte Brandtner avec lui vont donner corps à son œuvre si axée sur les mouvements avant-gardistes allemands et européens. Par ces apports, ce grand passeur joue un rôle unique dans le développement de l’art moderne au Canada.
À partir de 1934, Brandtner s’intègre sur la scène artistique du Montréal d’alors. Il fut le premier artiste à avoir exposé dans [la métropole] des peintures résolument abstraites. Il le fait en février 1936 lors d’une exposition solo au grand magasin Morgan. L’exposition se tient sous la bannière de la Ligue canadienne contre la guerre et le fascisme. Brandtner milite dans cette association aux côtés de Norman Bethune qui collectionnât de ses œuvres. Brandtner reprend le studio-appartement de Bethune sur Beaver Hall Square laissé libre alors que ce dernier s’enrôle auprès des républicains espagnols en octobre 1936. Avec Marian Scott, Brandtner donne des cours d’art gratuits. Grâce à cet homme de conviction, des enfants des zones grises de Montréal eurent la chance de peindre, de confectionner des jouets de papier et d’utiliser librement leur imagination.
Outre le Bauhaus, le cubisme ou l’expressionisme abstrait, d’autres sources irriguent son art. On y reconnaît l’inspiration de Picasso et de la première École de Paris, des accents surréalistes et, plus tard durant les années 50, des élans vers l’abstraction lyrique ou géométrique. Au confluent de tous ces langages, tempérée et mâtinée de réalisme, sa peinture apparaît comme un étonnant kaléidoscope. Par cette vision synthétique, Brandtner vise à amplifier l’intensité d’un message, d’une émotion. Cette syntaxe pluraliste veut traduire son époque avec ses préoccupations.
Sujets / Thèmes
Dans les années 30, on retrouve bouquets, associations d’objets, pots ou bouteilles proches de la nature morte. Se partageant parfois dans une même œuvre entre figuration et abstraction, Brandtner s’adonne également au portrait et aux scènes urbaines. Qui plus, Brandtner réussit le tour de force d’être à la fois un artiste moderne et paysagiste. Dès 1934, Brandtner développe une vision personnelle et contemporaine du paysage canadien. Malgré leurs références abstraites, ces œuvres en allant à l’essentiel nous communiquent pourtant un esprit si typique des lieux. « L’artiste d’aujourd’hui, disait Brandtner, doit libérer aussi l’inexhaustible réservoir d’énergie des associations visuelles ». Brandtner aime les arbres qu’il transforme en structures abstraites. Il aime aussi peindre et dessiner des chevaux. Certaines œuvres se rapprochent d’un certain hédonisme cher à la peinture française de l’entre-deux-guerres. Quelques-unes démontrent un souci de construction et de composition qui n’aurait pas renié Braque ou Le Corbusier peintre.
Cet artiste épris de liberté et d’engagement social fait parfois de sa peinture le journal des grands évènements du XXe siècle. Des œuvres montrent l’horreur et les désastres de la guerre. Brandtner s’attache également à décrire le travail des ouvriers qui produisent armes et munitions. Ses dessins croquent sur le vif les ouvriers à l’usine de la Canadian Vickers. Il peint la victoire, la paix revenue puis les progress technologiques la prospérité économique et les développements sociologiques heureux du babyboom associés aux lendemains de la guerre.
Durant les années 50 et 60, entre motifs floraux ou paysagistes et compositions plus abstraites, Brandtner jamais ne se range dans le camp de l’abstraction « pure et dure ». Il était pourtant l’un des grands précurseurs de cette tendance. Au contraire, il ne cesse de se mesurer au visible. « Sans la nature pour nous stimuler et nous exciter nos pouvoirs d’invention seraient vite épuisés », note Brandtner durant les années 50 dans son journal. Interprétant et non seulement imitant la nature, ses avancées plastiques typiquement modernistes lui font, pour reprendre ce qu’il disait de l’artiste contemporain, « intérioriser une vision…pour lui donner forme selon son émotion.
D’après le texte de René Viau pour la galerie Valentin
Expositions solo
1981 Masters Gallery, Calgary
1978 Kastel Gallery, Montreal
1977-78 Kaspar Gallery, Montreal
1971-72 Sir George Williams University, Montreal
1971 Kastel Gallery, Montreal
1969 Kastel Gallery, Montreal
1954-55 Maritime Art Association (travelling exhibition)
1953 McGill University School of Social Work, Montreal
1946 Robert Oliver Gallery, Montreal
1938 The Picture Loan Society, Toronto
1937-67 Canadian Group of Painters
1937-52 Canadian Society of Graphic Art
1935-55 Canadian Society of Painters
1935-43 Royal Canadian Academy
1934 Winnipeg Art Gallery
1931-59 Art Association of Montreal / Montreal Museum of Fine Arts
1931-59 National Gallery of Canada
1928 Winnipeg School of Art
Expositions de groupe
1977-78 Art Gallery of Ontario
1967 Montreal Museum of Fine Arts
1963-69 Thomas More Associates, Montreal
1961Instituto nacional de belles artes, Mexico City, Mexico
1959-68 St. Joseph’s Teachers’ College, Montreall
1960 Victorian Order of Nurses, Montreal
1950 Art Gallery of Toronto
1950 National Gallery of Art, Washington, DC
1945 CGP Exhibition, Moscow, USSR
1941 Brooklyn Museum, NY
1937 Montreal Arts Club
1933 Manitoba Society of Artists
Prix
1968 Canada Council Visual Arts Award
1948 Première place – Canadian Olympic Competition for oil painting Breaking away
1946 AAM Jessie Dow Prize for watercolour Sixteen islands
Collections
Agnes Etherington Art Centre, Queen’s University, Kingston
Art Gallery of Hamilton
Art Gallery of Ontario
Art Gallery of Windsor
Collections particulières
Concordia University, Montreal
Department of External Affairs, Government of Canada, Ottawa
Edmonton Art Gallery
Hart House, University of Toronto
Robert McLaughlin Gallery, Oshawa
Musée d’art contemporain, Montreal
Montreal Museum of Fine Arts
National Gallery of Canada, Ottawa
Upper Canada College, Toronto
University of Guelph
University of Fredericton
Vancouver Art Gallery