Biographie de Serge LEMOYNE

Serge Lemoyne, autoportrait

 

BIOGRAPHIE

Figure de proue de la scène artistique québécoise de la seconde moitié du XXe siècle, Serge Lemoyne, né à Acton Vale en 1941, incarne l’artiste rebelle et non-conformiste par excellence. Visant un éclatement des limites du champ artistique québécois, Lemoyne explore avec audace dès les années 1960 les médiums sonores, visuels et électroniques. Très tôt chez lui se fait sentir l’intérêt pour une relation sociale dynamique entre l’œuvre d’art, l’artiste et le spectateur. Prônant une démocratisation de l’art, il se fait connaître comme le premier artiste québécois à organiser des happenings dans les années 1960 et des interventions publiques aux côtés de Jean-Paul Mousseau et d’Armand Vaillancourt. Comme le mentionne l’historien de l’art Marcel Saint-Pierre, quoiqu’ayant profité de la liberté créatrice permise par les grands débats automatistes et plasticiens, la pratique picturale de Lemoyne reste en marge de ces deux courants qui ont polarisé la scène artistique québécoise durant plusieurs décennies. Son œuvre conserve habituellement iconographique référentielle qui est à envisager dans l’esprit et la pratique du pop art américain. Ainsi, le renvoi à des valeurs identitaires populaires joue un rôle de premier plan dans son travail. Son célèbre cycle artistique Bleu, blanc, rouge est tout à fait représentatif de sa démarche. Il y a dans les couleurs du chandail d’une équipe sportive comme le Canadien de Montréal une réelle valeur emblématique, spécifiquement pour une population chez qui le hockey est perçu comme une manifestation culturelle fondamentale et distinctive. En inscrivant son œuvre dans un contexte culturel précis, Lemoyne se positionne en marge de l’inspiration de l’école de New York même si c’est de celle-ci qu’est pourtant issu le pop art qu’il pratique. Dans le même ordre d’idée, il réalise durant les années 1980 des peintures-hommages à de grands artistes (Hommage aux Automatistes, Hommage aux Plasticiens, etc.) poursuivant son projet de rapprochement entre l’art, la culture, l’histoire et la vie. Enfant terrible de l’art québécoise, maître d’un art de rupture, il contamine, bouleverse avec aisance les domaines de création tels que la peinture ou la performance et finit par découper des morceaux de sa demeure à Acton Vale en 1995 afin de les présenter comme sculptures dans une exposition d’influence « ready-made » affirmant ainsi que la frontière entre l’art et la vie n’a pas lieu d’être. Il décède à Montréal en 1998.

 

SUJETS / THÈMES

Oscillant entre la figuration et l’abstraction la série Bleu, blanc, rouge fait appel à l’imaginaire collectif québécois. Quoique les plans soient indépendants les uns des autres, on devine aisément le logo du club de hockey montréalais. Ainsi, de ces formes abstraites surgissent une icône, un peuple, une histoire.

 

TECHNIQUE

Visuellement la série Bleu, blanc, rouge se caractérise par la palette de couleurs employée et par sa technique très gestuelle. Les larges bandes de couleurs qui se détachent d’un fond blanc dégoulinent, rappelant au passage ses performances de « peinture en direct » effectuées devant un public et sa volonté de créer rapidement, de manière spontanée et souvent aléatoire.

 

Source: Gaëtane Verna, Le musée de Joliette. Catalogue des collections, Canada, 2012




Copyright © 2001 - 2024 Galerie Jean-Pierre Valentin